Des agriculteurs français et espagnols bloquent la frontière
Sept lieux de blocage sont mis en place à la frontière franco-espagnole, mobilisant des agriculteurs des deux pays. Une première. « Toute l’Europe se mobilisera en novembre si rien n’avance », prévient Jérôme Bayle, l’un des fers de lance de ce mouvement asyndical.
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Les principaux points de passage entre la France et l’Espagne ont été bloqués ou touchés par des barrages filtrants, le lundi 3 juin 2024. Du Pays basque aux Pyrénées-Orientales, des centaines d’agriculteurs sans étiquette syndicale ont décidé de « remettre un coup de sommation à quelques jours des élections européennes », comme Frédéric Meynard, céréalier à Montaut (Haute-Garonne) et membre des Ultras de l’A64, qui avaient bloqué de façon retentissante l’autoroute à Carbonne en janvier dernier. L’un des meneurs de cette fronde transfrontalière est d’ailleurs le porte-parole de ces Ultras, Jérôme Bayle.
Sur le rassemblement de la RN125, sur la commune de Melles, en Haute-Garonne, celui-ci déclare : « Depuis janvier dernier, on a eu quelques améliorations, avec des versements liés à la MHE, des avancées sur les lacs en Occitanie, une première détaxation du GNR. Mais l’État doit aller plus loin. Et on se rend compte que beaucoup de choses se passent au niveau européen. »
D’où cette mobilisation pyrénéenne, transfrontalière : « on a les mêmes problèmes avec nos amis espagnols. Et, je le dis, ce sont des amis, pas des ennemis, insiste Jérôme Bayle. Ici, dans le Sud-Ouest, on vend 90 % de nos céréales en Espagne, on achète la paille aux Espagnols, on leur vend notre luzerne… Attention, je parle bien des agriculteurs comme nous, pas de l’agro-industrie d’Andalousie ou du Nord de la France ! »
« L’Union européenne doit défendre les Européens »
Alors que les deux cortèges n’ont pas pu se rejoindre, à la demande des autorités, une délégation espagnole est venue jusqu’à Melles, dont des représentants de « Revolta Pagesa ! », mouvement également asyndical. Eric España, l’un des éleveurs présents, témoigne : « On se mobilise parce que les normes ne sont pas les mêmes partout en Europe, ça, c’est l’essentiel. Il faut aussi une Pac plus juste. Et puis, l’Union européenne devrait défendre les Européens. Donc on consomme d’abord ce qu’on produit en Europe, et après, s’il n’y en pas assez, OK, on importe. »
Autres revendications des Ultras de l’A64 : une aide à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits et une défiscalisation du GNR. Sur le barrage, Jérôme Bayle annonce : « Je viens de parler au directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture. Ils suivent le dossier de prêt et disent qu’ils le mettront sur la table de la Commission européenne, en octobre prochain. Mais, je le dis, si les choses n’avancent pas, c’est toute l’Europe qui se mobilisera en novembre ! »
Jérôme Bayle a également profité de sa prise de parole pour tacler les syndicats : « Ils ont appelé à ne pas rejoindre ce mouvement. C’est paradoxal : moi qui croyais qu’ils étaient là pour défendre les agriculteurs… »
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